«
Des accords sans effusion
Du
rythme à foison
Je
suis un groupe à moi tout seul
Tu
piges, vise mes godillots
Alors
vas-y, donne-toi à fond
Ton
coeur est gros comme une maison... »
John Lee Hooker, Tecching the Blues
Big Soul connaît
l'un des parcours les plus atypiques de l'histoire du rock. Le groupe
et la petite légion de fans qui l'accompagne ont toujours pensé
que cet hybride de thrash, de hip-hop et de Led Zeppelin avait tout pour
séduire un public plus large. Et pourtant. il aura fallu une
patience sans bornes, une chance rare e;- une myriade de cordes massacrées
pour que ces vilains petits canards se métamorphosent en magnifiques
cygnes au sein de Sony Music.
De 1989 à
1995. Big Soul écume les petits clubs de Los Angeles et de
San Francisco pour une poignée de dollars les jours fastes, distribuent
par ailleurs ses CD maison à quiconque souhaite se délester
de 10 dollars. En signe de protestation contre la règle qui
veut que l'on soit signé par une maison de disques pour être
considéré comme un artiste à part entière,
Big Soul décide de créer son propre label. C'est au
cours d'un concert organisé à Los Angeles sur le légendaire
Sunset Boulevard qu'un touriste français achète un CD du
groupe. Cette vente quelque peu anodine n'attire guère l'attention
de Big Soul, simplement soulagé d'avoir dix dollars de plus pour
faire un plein d'essence ; cet achat sera toutefois essentiel à
la carrière de la formation.
Notre touriste
ce retour à Paris, le disque fait son chemin pour un jour entre
les moins d'un fougueux DJ dont l'ardeur n'a pas de mal à embraser
les
noctambules
qui foulent les pistes de son club parisien, à force
Hippy
Shake et Le
Brio, extraits du fameux album mystérieusement parvenu en sa
possession.
Deux années s'écoulent pendant lesquelles le DJ tente en
vain de contacter Big Soul, nourri par l'intime conviction ce pouvoir jouer
un rôle décisif dans le développement de la carrière
du groupe en "France. Déçu mais pas vaincu, il décide
alors de faire écouter l’album à des responsables marketing
de Sony, Music France. Immédiatement enthousiasmés
par le son qu'ils entendent, ils proposent un contrat à Big Soul,
qui le signe sans tambours ni trompettes. Il ne faut pourtant pas plus
de deux mois à Sony pour réaliser deux vidéos avec
le groupe, sortir l'album dans sa version originale, et organiser le lancement
promotionnel de cet pépite qu'il soupçonne de cacher une
véritable mine d'or.
En février
1996, Big Soul fait l'effet d'une bombe et enflamme la scène rock
française à la surprise générale. Qui
eût cru que ce CD maison se placerait en seconde position des charts,
squattant le Top Ten pendant maintes semaines pour ne plus quitter les
hit-pcircides avant des mois ? Couronné d'or en juillet, le groupe
est sans conteste la révélation de l'année pour Sony.
Lorsqu'orrive le mois d'août, Big Soui comptabilise plus de cent
concerts à guichets fermés, outre ses multiples opparitions
télévisées sur des chaînes nationales.
Il gagne les faveurs de la presse, tandis que le public se laisse conquérir
par Le Brio, le seul litre du groupe en français dans le texte s'il
vous plaît. Big Soul refuse de se laisse allécher par
une nouvelle tournée lucrative et quitte le continent européen
fin août pour Son Francisco afin de préparer son second album.
Caroline Wampole,
l'égérie de Big Soul, est à la fois bassiste, chanteuse,
rappeuse et mime. Elle suscite la sympathie dans le moindre de ses
déplacements, envoûtant fans et journalistes par sa franchise
et le soin qu'elle prend à ne jamais s'accorder une importance démesurés,
choisissent délibérément de porter d'épouvantables
robes à fleurs et des chaussures de course sur scene plutôt
que de se conformer à la tenue habituellement de rigueur pour la
gent Féminine.. Les Beatles et Stev,ie Wonder occupent une place
de choix dans le coeur de Caroline, qui avoue également' un goût
prononcé pour les Marx Brothers et les Boston Celltics. Leur
point commun? Leur sans du timing. Ligne de basse, ligne de
lancer-franc ou dernière ligne percutante, même combat.
Tu dois être là où l'on t'aittend, et aucun doute là-dessus.
il faut savoir embrayer"".
Le cerveau musical
de Big Soul, c'est Kelleth Chinn, guitariste et chanteur aux côtés
de Caroline. Ses riffs funk épicés et ses solos à
Io Jimmy Page, interprétés au pas de course et la guitare
sur la tête, lui valent d'être célébré
comme l'un des guitar heroes des nineties. Nombreux sont ceux qui
s'interrogent sur la réelle mission de Kelleth, dont les allures
de Dalaï'-Lama et les déplacements frénétiques
le font ressembler à un extra-terrestre animé par le désir
de propager la paix à l'aide de la gamme pentatonique. Mais
Kelleth ne reconnait qu'un seul maître, Led Zeppelin. suivi à
quelque distance par James Brown el The Clash.
Big Soul détient
une autre arme secrète sous le nom de Deane Jenkins, néozélondais
de choc qui compte parmi les grands gourous du rytnme de la Baie de San
Francisco. Tout comme ke!leth et Caroline, Deane se fit renvoyer
de ses leçons de piano dès le plus jeune âge. Mais
des réunions de famille où il officiait au ukulélé
aux reprises de Led Zep martelées tous les soirs devant des foules
de teenagers dans les salles de concert de Christchurch, Deane a appris
à toucher autrui par la biais de la musique. Le statut d'infaillible
gardien du rythme dont il jouir aujourd'hui, il le doit à Deep Purple,
Police et AC/DC. Avec ses interminables dre-,dlocks rouges, sa carcasse
de 1 m9O et ses rythmes infectieux, Deane était le maillon manquant
dans la chaîne du groove tricotée par Big Soul.
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